- CATÉCHISME
- CATÉCHISMECATÉCHISMEDans la religion catholique, le mot «catéchisme» désigne l’exposé du contenu minimal de la foi, destiné, par opposition à la catéchèse (qui s’adresse aux catéchumènes, adultes se préparant au baptême) à des baptisés ignorants, soit, d’abord, les enfants. Les deux termes sont cependant reçus aujourd’hui comme synonymes: la distinction n’a en effet plus guère de raison d’être, vu l’infime minorité concernée par la catéchèse stricto sensu; en outre, l’évolution récente tend à gommer la différence de statut entre des enfants supposés incapables de réfléchir et des adultes supposés savoir. On parlera donc volontiers de «pastorale catéchétique».Il est clair en tout cas que le catéchisme apparaît précisément quand les baptêmes cessent d’être administrés aux adultes initiés: baptêmes des enfants ou conversions massives de tribus païennes. L’entreprise carolingienne de christianisation comporte une part d’enseignement: obligation d’apprendre le Pater et le Credo , etc. Mais il est difficile d’en connaître l’impact réel, et l’on ne saisit bien que les apports plus tardifs: au XIIe siècle, l’apparition des deux formes traditionnelles de catéchisme, l’Élucidaire (en trois parties) et le Septénaire, auquel Thomas d’Aquin, entre autres, emprunte la présentation des thèmes en groupes de sept points parallèles. L’œuvre de Gerson (1363-1429) fait date, par son souci aigu de surmonter les conflits entre savants grâce à l’instruction simple de la jeunesse; son Opus tripartitum deviendra, aux moments d’effervescence évangéliste et humaniste, un repère sûr pour l’Église de France.L’immense succès de l’Enchiridion de Luther (1529), dont les préoccupations réformatrices trouvaient dans l’éducation un enjeu de taille, oblige la Contre-Réforme à une réaction de grande envergure. Puisque les protestants proposaient un petit et un grand catéchisme, Pierre Canisius, le premier, publie (1556-1558) contre eux trois catéchismes qui répondent aux âges allant de l’enfance à l’université: minimus , minor , major . Le concile de Trente décide la publication du Catéchisme romain , approuvé par le pape Pie V en 1566, mais destiné aux clercs: sa large diffusion (522 éditions latines recensées par le professeur Bellinger; 353 traductions en 19 langues) n’a donc pas nui à celle des ouvrages de Canisius, qui passe pour la plus importante après la Bible. L’ensemble a constitué, avec les catéchismes de Bellarmin (1597-1598), la base de la prédication et de l’instruction pendant trois siècles.Mais le catéchisme seul ne suffit plus: un besoin plus général d’éducation se fait sentir. Les états de Blois (1587) exigent des paroissiens qu’il fassent «instruire leurs enfants dans la religion et [...] apprendre la lecture, l’écriture et le catéchisme». Les écoles élémentaires sont fondées au siècle suivant. Parallèlement, l’Église suscite quantité d’organisations aptes à former des éducateurs: confrérie de la doctrine chrétienne (sous l’impulsion décisive de Charles Borromée) et institut des doctrinaires français (1598); «séminaire des chrétiens»; séminaire et sœurs de Saint-Charles; frères des écoles chrétiennes... Les catéchismes se multiplient: privés, de paroisse, d’école, de séminaire, diocésains. Par ces derniers, les évêques tâchent d’imposer une synthèse reçue sur tout leur territoire; mais les besoins sont très variés: diversité (jusque dans les langues, les dialectes, la transmission orale ou écrite) villes/campagnes, pays de vieille chrétienté/pays de mission, et même, bien sûr, masculinéminin.Le catéchisme reflète ainsi son époque, avec les débats du moment. Qu’on étudie par exemple les catéchismes français: jansénistes, gallicans ou antijansénistes au XVIIIe siècle! L’Assemblée du clergé en 1785, les États généraux en 1789 exprimaient donc le souhait d’un catéchisme unique. La refonte des circonscriptions diocésaines en fit une nécessité lors de la réorganisation religieuse consécutive au Concordat. Les Articles organiques stipulent «qu’il n’y aura qu’une liturgie et qu’un catéchisme en France». Une telle prise de position est conforme à la volonté d’uniformité centralisatrice qui préside à la refonte du Consulat. Napoléon en escompte de surcroît une plus grande docilité de la part de ses sujets. C’est ainsi que, pendant huit ans, l’Empire fit l’expérience d’un manuel unique: le Catéchisme impérial de 1806. Celui-ci suit une composition tripartite qui devait subsister: dogme, morale, culte. L’accent mis sur la soumission à l’Empereur et son utilisation indiscrète comme instrument de propagande déconsidèrent l’entreprise, et, avec la Restauration, on revient à la multiplicité des textes.Mais, par la suite, le désir d’unité n’est point sans réapparaître de temps à autre; ainsi, dans un vœu du concile régional de Paris en 1849, repris par d’autres conciles provinciaux, et dans un autre du congrès ecclésiastique tenu à Reims en 1896 à l’initiative de l’abbé Lemire. En 1914, le cardinal Amette, archevêque de Paris, publie un manuel pour la province de Paris, qui est adopté les années suivantes par une vingtaine de diocèses. Une commission est chargée par l’épiscopat de préparer un texte: ses travaux aboutissent en 1937 à la publication d’un Catéchisme national à l’usage des diocèses de France . De facture classique, il reprend la division tripartite inaugurée par le Catéchisme de 1806: vérités à croire, commandements à pratiquer, sacrements à recevoir. Il ne tarde pas à susciter des critiques qui visent, non le principe d’unicité désormais admis (d’autant plus que les institutions catéchétiques se fédèrent sur le plan national) mais la démarche utilisée, qui est jugée trop didactique et trop notionnelle: les quelques remaniements apportés en 1947 ne suffisent pas à y remédier. La tendance, au moins depuis la Pédagogie chrétienne d’André Boyer (1947), est nettement à la prise en compte des modernes sciences de l’éducation et, depuis la création (1950) de l’Institut supérieur catéchétique de Paris — devenu I.S.P.C. (Institut supérieur de pastorale catéchétique) —, à développer une dimension «kérygmatique» qui implique toute l’Église militante, adultes compris. Un troisième catéchisme national est adopté en conséquence par l’Assemblée plénière de l’épiscopat, en 1966; il présente un fonds commun qui est modulé par sept variantes correspondant à divers milieux sociaux et culturels; réduisant l’appel à la mémoire et moins abstrait, le nouveau catéchisme retrace l’histoire du salut de l’humanité et insiste sur la relation personnelle avec Dieu. Par la suite, les évêques de France proposent comme «catéchèse 1980» un ouvrage intitulé Pierres vivantes , qui comprend trois parties: un «Livre de l’alliance», qui traduit la montée de l’exégèse biblique dans le catholicisme contemporain; une esquisse de «Chrétiens dans l’histoire»; des «Célébrations et prières», qui reprennent le catéchisme classique. En 1984 paraît La Foi des catholiques, catéchèse fondamentale , ouvrage dans lequel un groupe de théologiens traitent de la foi au présent, puis de la révélation chrétienne, d’une humanité selon l’Évangile et enfin de l’Église en chantier. En 1985, la Conférence épiscopale française met en chantier un Catéchisme pour adultes des évêques de France , un «exposé organique et complet de la foi catholique» qui est approuvé par le Saint-Siège le 23 janvier 1991. À travers tous ces travaux de l’Église de France pour exprimer sa foi, on mesure la complexité et la difficulté des relations entre une réalité locale et un message à visée universelle. Prenant de la distance avec les initiatives locales, dont la catéchèse française est un bon exemple, le pape Jean-Paul II demande en 1986 à une commission de cardinaux et évêques la rédaction d’un Catéchisme de l’Église catholique publié en octobre 1992. Celui-ci «reprend l’ordre ancien, traditionnel» suivi par le Catéchisme romain qui date de 1566; il articule le contenu en quatre parties: le Credo; la sainte liturgie, avec les sacrements au premier plan; l’agir chrétien, exposé à partir des commandements; et enfin la prière chrétienne. «Ce catéchisme, écrit le pape, n’est pas destiné à remplacer les catéchismes locaux, mais à aider la rédaction de nouveaux catéchismes locaux qui tiennent compte des diverses situations et cultures... et à les orienter.»• 1560; cathezime v. 1380; lat. catechismus, gr. katêkhismos « instruction orale », de katêkhein « faire retenir »1 ♦ Instruction dans les principes de la foi chrétienne. ⇒ credo. Faire, enseigner le catéchisme. Catéchisme par demandes et réponses. ⇒ catéchèse. Par ext. Aller au catéchisme, au cours d'instruction religieuse. « des gentillesses de petite fille au catéchisme » (Rimbaud). Abrév. fam.CATÉ. — Livre contenant l'instruction du catéchisme.2 ♦ (1738) Ce qui est pour qqn article de foi. ⇒ dogme.Synonymes :- bible- credo- dogmecatéchismen. m.d1./d Enseignement de la doctrine chrÉtienne, généralement destiné à des enfants.— Leçon pendant laquelle est donné cet enseignement.— Livre qui contient cet enseignement.d2./d Principes fondamentaux d'une doctrine.⇒CATÉCHISME, subst. masc.A.— Domaine relig.1. Enseignement élémentaire, par demandes et par réponses, de la doctrine et de la morale chrétiennes. Apprendre le catéchisme; leçon(s) de catéchisme; catéchisme de première communion (cf. catéchèse) :• 1. Pour le pauvre revenant, ainsi bafoué par des polissons à qui récemment encore il faisait le catéchisme, ce qui lui retourna le cœur, c'est quand il vit la chienne de Léopold, ...BARRÈS, La Colline inspirée, 1913, p. 249.SYNT. Savoir le/son catéchisme; salle de catéchisme; le Catéchisme du Concile de Trente.Rem. On relève ds la docum. le néol. catéchismal, ale, aux, adj. Qui a rapport au catéchisme (cf. Théol. cath. t. 4, 2 1920, pp. 814-815). Cf. catéchistique A 2).♦ Catéchisme de persévérance. Instruction religieuse donnée après la première communion.2. P. méton.a) Livre contenant cet enseignement :• 2. ... la porte du presbytère grinça, l'abbé Bournisien parut; les enfants, pêle-mêle, s'enfuirent dans l'église.— Ces polissons-là! murmura l'ecclésiastique, toujours les mêmes! Et, ramassant un catéchisme en lambeaux qu'il venait de heurter avec son pied : — Ça ne respecte rien!FLAUBERT, Madame Bovary, t. 1, 1857, p. 128.— HIST. Catéchisme républicain. Catéchisme en vers publié en 1795 par le comte de La Chabeaussière et destiné à l'éducation de la jeunesse, auprès de laquelle il obtint un grand succès (cf. Lar. 19e et ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, t. 2, 1870, p. 394).— P. ext. Livre contenant l'exposition abrégée des principes d'une religion autre que la religion chrétienne. Catéchisme israélite (WEILL, Le Judaïsme, 1931, p. 119).b) Lieu, cours où est donné cet enseignement. Assister au catéchisme :• 3. Nous allions au catéchisme, le jeudi je pense, pour ne pas déranger les heures de classe. Le catéchisme était fort loin de là, en ville, dans notre antique paroisse de Saint-Aignan.PÉGUY, L'Argent, 1913, p. 1118.c) Ensemble de personnes qui suivent cet enseignement :• 4. ... cela n'empêchait pas son église [du curé] de se vider comme un vase fêlé d'où l'eau s'échappe, et les rangs du catéchisme de s'éclaircir d'année en année...A. DAUDET, L'Évangéliste, 1883, p. 107.B.— P. ext., domaine profane1. Ouvrage contenant le résumé des principes fondamentaux d'une doctrine, d'une religion, d'une science, et qui est souvent rédigé par demandes et par réponses. Catéchisme constitutionnel. Le « Catéchisme positiviste, ou Sommaire exposition de la religion universelle », ouvrage d'A. Comte. Catéchisme d'économie politique (Ac. 1835-1932) :• 5. Toutes les fortes critiques que nous accumulons contre la Déclaration des Droits de l'homme n'empêchent point que ce catéchisme de l'individualisme a été formulé dans notre pays.BARRÈS, Un Homme libre, 1889, p. XIII.2. P. plaisant. ou pop. Catéchisme poissard. Recueil de grossièretés [cf. le « Catéchisme poissard », ,,livre publié en 1758 par Vadé, sorte d'arsenal d'injures à l'usage des femmes de la Halle et particulièrement des marchandes de poisson`` (Lar. 19e)] :• 6. Ces carrossées font des montagnes d'allégresse au milieu de la cohue. Collé, Panard et Piron en découlent, enrichis d'argot. On crache de là-haut sur le peuple le catéchisme poissard.HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 633.3. P. méton. Ce qui est pour quelqu'un l'objet d'une croyance ferme :• 7. ... j'ai fini par accepter de présider cette vieille Société où il y a beaucoup de gens de grand mérite qui s'en tiennent à leur catéchisme rationaliste, qui sont inflexibles et aveugles, comme leurs ennemis, et qui sont même fanatiques à leur façon, sans le savoir.G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Les Maîtres, 1937, p. 43.4. Au fig., fam. Leçon faite pour endoctriner. Faire le catéchisme à qqn; on lui a fait son catéchisme; dans un sens analogue, il sait son catéchisme (Ac. 1835, 1878).Rem. On rencontre ds la docum. le néol. catéchismer, verbe trans. Endoctriner (cf. PROUST, La Prisonnière, 1922, p. 414). Cf. catéchiser B 1.♦ Dire, réciter, savoir une chose comme son catéchisme, réciter son catéchisme. Dire une chose, énoncer une opinion de façon mécanique et impersonnelle, comme une leçon apprise par cœur (cf. LITTRÉ).Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1374 cathezime « enseignement oral de la religion » (J. GOULAIN, Ration., B.N. 437, f° 331 v° ds GDF. Compl.); 1610 catéchisme (P. COTON, Institution catholique, II, 1074 cité par Vaganay ds R. Philol., t. 43, p. 121); 2. 1636 « livre qui contient, par demandes et par réponses, l'explication du dogme et de la morale » (MONET, Invantaire des deus lang. françoise et latine); 3. 1762 « leçon faite pour endoctriner » (J.-J. ROUSSEAU, Émile, IV ds LITTRÉ); 4. p. ext. 1773 « exposition abrégée d'une science » (Abbé BEXON, Catéchisme d'Agriculture ds ROB.); 5. fig. 1778 (VOLTAIRE, Dialogues, XXIV, 7 ds LITTRÉ; les découvertes de Newton... devenues le catéchisme de la noblesse de Moscou?). Empr. au lat. chrét. catechismus attesté dep. St Augustin au sens de « instruction religieuse » (De fide et Operibus, 19, 35 ds BLAISE) et de « livre d'instruction religieuse » (Ibid., 13, 19). Fréq. abs. littér. :617. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 448, b) 1 540; XXe s. : a) 1 031, b) 795. Bbg. GOUG. Lang. pop. 1929, p. 76.
catéchisme [kateʃism] n. m.ÉTYM. 1610; cathezime, v. 1380; lat. catechismus, grec katêkhismos « instruction orale », de katêkhein « faire retenir ».❖1 Instruction dans les principes de la foi chrétienne. ⇒ Credo. || Faire, enseigner le catéchisme. || Leçon de catéchisme. || Catéchisme des enfants. || Apprendre, réciter le catéchisme. || Savoir son catéchisme. || Catéchisme par demandes et réponses. ⇒ Catéchèse. — Par ext. || Aller au catéchisme, au cours de catéchisme. || Assister au catéchisme. || On l'avait renvoyée du catéchisme. → Païen, cit. 6. — Apprendre son catéchisme, sa leçon de catéchisme.1 Il s'en allait avec des gentillesses de petite fille au catéchisme.Rimbaud, Une saison en enfer, « Délire », I.2 (…) ces superstitieuses épouvantes qui vous restent du catéchisme, et s'évanouissent dans la flambée des passions de la jeunesse.M. Van der Meersch, l'Élu, p. 244.♦ Réciter quelque chose comme son catéchisme, par routine.3 N'allez pas lui dire cela froidement comme son catéchisme.Rousseau, Émile, IV.♦ Abrév. fam. || Caté [kate] n. m. (Av. 1930, in D. D. L.). || Apprendre son caté. || Aller au caté. — On rencontre la var. cathé [kate] (1912, in D. D. L.).3.1 Je crispais les poings de rage quand la très mamelue vieille fille qui nous serinait le « caté » nous assenait ces sornettes médiévales en riboulant des yeux (mon frère, très sain, chahutait).J.-L. Bory, Ma moitié d'orange, p. 34.♦ Par métonymie. Livre contenant l'instruction du catéchisme. || Acheter un catéchisme.3.2 — Ces polissons-là ! murmura l'ecclésiastique, toujours les mêmes !Et, ramassant un catéchisme en lambeaux qu'il venait de heurter avec son pied :— Ça ne respecte rien !Flaubert, Mme Bovary, II, 6.2 (1773). Exposition abrégée des principes fondamentaux (d'une science, d'une doctrine). || Le Catéchisme d'agriculture de l'abbé Bexon (1773).3.3 Il relut quelques pages des Nourritures terrestres (…) Oui, cet ouvrage gardait (…) une curieuse actualité : l'apologie du dénuement (…) le culte de la sensation, le goût de l'errance et de l'aventure : tous les articles du catéchisme hippy !Jean-Louis Curtis, le Roseau pensant, p. 268.♦ (1738). Ce qui est pour quelqu'un article de foi. ⇒ Dogme.3 (1762). Fam. Remontrance, leçon de morale. ⇒ Sermon. || Faire le catéchisme à quelqu'un.4 Ennuyé de vos longues morales, de vos éternels catéchismes.Rousseau, Émile, IV.❖DÉR. V. Catéchèse, catéchiser, catéchiste, catéchumène.
Encyclopédie Universelle. 2012.